Un des principaux lieux de pèlerinage du christianisme
La nouvelle de la découverte de la tombe de Saint-Jacques dans l'ancienne Hispania se propagea rapidement à travers toute l'Europe grâce à l'intérêt du Saint-Empire romain germanique et de Charlemagne à établir une frontière entre les royaumes chrétiens d'Europe et les royaumes islamiques qui avaient envahi la péninsule ibérique. Pendant le Moyen Âge, cette route gagnera une grande popularité, faisant de Saint-Jacques-de-Compostelle l'un des principaux lieux de pèlerinage du christianisme avec Rome et Jérusalem. La France, en raison de sa proximité avec la péninsule ibérique, devient le catalyseur des différentes routes qui viennent d'Europe.
Quatre anciennes routes qui se rejoignent en Navarre
ici que commence le Chemin Français, avec ses quatre itinéraires convergeant dans les Pyrénées et se réunissant pour parcourir le nord de l'Espagne. Ces quatre chemins sont mentionnés, dès le milieu du XIIème siècle, dans le célèbre Codex Calixtinus, manuscrit enluminé narrant l'histoire de l'apôtre Jacques, la découverte de ses épreuves dans le campus stellae, et qui donne nombre de conseils pour faire face à la difficile épreuve de cheminer jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. À Paris commence la Via Turonense, qui passe par Orléans, Tours, Poitiers et Bordeaux ; la Vía Lemovicensis, nommée ainsi en raison de sa traversée de Limoges part de l'abbaye de la Madeleine à Vézelay. Ces deux itinéraires se rejoignent à Roncevaux avec la Via Podense, originaire du Puy. La dernière route qui forme le Chemin français est la Via Tolosana, la plus ancienne de toutes, qu’empruntaient les pèlerins arrivés à Arles d'Italie pour passer en Espagne par Toulouse, en traversant les Pyrénées par Somport, et rejoindre les trois autres routes dans la localité navarraise de Puente la Reina.
En route pour Santiago
Une fois en Espagne, les pèlerins commençaient un long voyage de 750 kilomètres jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle à travers les localités de la Navarre, la Rioja, la Castilla y León et la Galice, où ils recevaient la Compostela, document écrit en latin attestant que le pèlerin est arrivé à Compostelle. Une fois arrivés, ceux qui le souhaitaient pouvaient poursuivre la marche quelques kilomètres plus à l'ouest pour compléter le rituel de purification. À Finisterre, le pèlerin accomplissait un rituel simple, que certains historiens pensent hérité d'un culte au soleil païen antique, consistant à se baigner à la plage de Langosteira pour purifier le corps et commencer une nouvelle vie libre de tout péché, à brûler les vêtements usés pendant le voyage afin de se débarrasser des contingences matérielles et du poids la vie passée et enfin à contempler le magnifique coucher de soleil sur l'horizon baigné par l'Atlantique, comme un symbole de la Résurrection du Christ, qui selon la tradition chrétienne est venu apporter la lumière à un monde de ténèbres.
Un riche patrimoine
Le Chemin Français fut d'une importance vitale pour le développement des royaumes chrétiens de la Péninsule Ibérique, car il facilita la diffusion de divers courants artistiques, intellectuels et religieux qui firent progressivement disparaître le complexe rite hispanique pour favoriser la compréhension de la liturgie par les pèlerins. Dans la ferveur du Chemin s’épanouissent des villes telles Pampelune, Logroño, Burgos, León ou Astorga, qui conservent encore de nos jours un patrimoine riche et précieux, témoin des influences européennes dans une Espagne naissante. À la fin du Moyen Âge, celle-ci était en effet plongée dans une profonde guerre de religion qui continuera jusqu'à la conquête de Grenade par les Rois Catholiques en 1492, événement qui, paradoxalement, marquera le début du déclin du Chemin de Saint-Jacques.