SUR LES TRACES DE...

Né à Paris au début du XIXème siècle, Prosper Mérimée est l’un des voyageurs de cette époque qui a le plus contribué à forger l'image romantique de l'Espagne. Dans ses premières œuvres, on sent déjà cette fascination pour le pays connu sous le nom de “La Piel de Toro”, mais ce n'est qu'en 1830 qu'il entreprend un voyage qui marquera irrévocablement l'humaniste. Un rêve devenu réalité, mettre le pied sur ces terres exotiques dont il avait tant parlé dans ses articles pour le magazine Le Globe. On a beaucoup écrit sur la raison de son voyage et tout indique que le déclencheur fut une déception amoureuse, mais ce qui est certain c’est que ce fut un prétexte idéal pour arriver dans un pays qu'il admirait depuis des années.

Avant même de partir, l'écrivain a en tête une destination évidente, l'Andalousie. C'est ainsi qu’il l’exprime dans une lettre à Sophie Duvaucel: “Je vous rapporterai le portrait du plus beau lion de la fontaine des lions dans Lalhambra”. Mais ses préparatifs ne seront pas exempts de craintes, notamment celle de ne pouvoir passer la frontière en raison de son statut d'athée et de libéral. Il cherchera donc la compagnie de son ami Alexandre Tourgueniev, mais sa peur des autorités et du climat l’empêcheront de s’éloigner de Paris.

Avec l'Andalousie toujours en tête, son aventure espagnole commence dans la localité basque d'Irún. Il passera à Burgos, Aranda del Duero et Madrid, où il étudiera de près la peinture espagnole qu’il admirait tant. Il poursuit son voyage, de plus en plus désireux d'entrer en territoire andalou. Il fait halte à Cordoue où, émerveillé par la beauté de la femme andalouse, il laissera libre cours à sa plume. Le prochain arrêt sera Séville, ville qui détenait le monopole de la fabrication du tabac. Peu à peu naît dans l'esprit de l'artiste l'un des mythes les plus populaires, celui de Carmen, la sensuelle cigarière sévillane. Une histoire d'amour, de jalousie et de trahison qu'une aristocrate andalouse lui a racontée, et qu'il captura dans un roman splendide. Le roman inspira par la suite le livret de l'opéra de Georges Bizet, l'opéra français le plus représenté. Bien que conquis par la beauté de la ville sévillane, il doit continuer son chemin.

Il se rend à Grenade, traversant la Sierra de Ronda, une route qui le captivera par son romantisme débordant, car il parcourt de belles montagnes qui furent le refuge des plus célèbres bandits andalous, "les bandoleros". Mais l'esprit romantique de l'écrivain est par-dessus tout très impressionné par la solitude de ces parages montagneux. Admirateur du passé arabe de l'Andalousie, il lui tarde d’arriver à Grenade, où il succombera à la beauté et au luxe des résidences du palais nasride de l'Alhambra. Sa fascination pour l'architecture arabe l'amène à s'indigner de la destruction des mosquées et des efforts obstinés pour masquer avec de la chaux et du plâtre les restes de l'époque passée.

Mérimée, contrairement à d'autres voyageurs romantiques, ne s’en tiendra pas au pittoresque. Particulièrement attiré par les classes populaires, il éprouve une prédilection particulière pour l’ambiance des lieux pleins de gitans, de guitaristes et de “majas”, les belles femmes de Grenade. Il défendra leur intelligence naturelle et leur imagination face à la maladresse et l’éducation limitée des classes supérieures. Il se déclarera défenseur de la fête nationale des Taureaux, festival qui sera le motif principal de sa première lettre au directeur de La Revue de Paris. Par-dessus tout, il sera conquis par la beauté de la femme andalouse, avec sa peau sombre, ses yeux délicats et sa chevelure exubérante. L'Espagne, patrie de Cervantès qu’il admirait, lui offrit de grandes amours et amitiés, et il lui offrit en retour un des mythes les plus reconnus dans le monde entier, Carmen la Cigarrera, la femme fatale de Séville. L'esprit inquiet, l'écrivain, archéologue, historien et peintre trouva ici ce qu'il désirait tant, un lieu exotique et mystique où il se laisser porter.

Imagen Cabecera Responsive: 
SUR LES TRACES DE...

Né à Paris au début du XIXème siècle, Prosper Mérimée est l’un des voyageurs de cette époque qui a le plus contribué à forger l'image romantique de l'Espagne. Dans ses premières œuvres, on sent déjà cette fascination pour le pays connu sous le nom de “La Piel de Toro”, mais ce n'est qu'en 1830 qu'il entreprend un voyage qui marquera irrévocablement l'humaniste. Un rêve devenu réalité, mettre le pied sur ces terres exotiques dont il avait tant parlé dans ses articles pour le magazine Le Globe. On a beaucoup écrit sur la raison de son voyage et tout indique que le déclencheur fut une déception amoureuse, mais ce qui est certain c’est que ce fut un prétexte idéal pour arriver dans un pays qu'il admirait depuis des années.

Avant même de partir, l'écrivain a en tête une destination évidente, l'Andalousie. C'est ainsi qu’il l’exprime dans une lettre à Sophie Duvaucel: “Je vous rapporterai le portrait du plus beau lion de la fontaine des lions dans Lalhambra”. Mais ses préparatifs ne seront pas exempts de craintes, notamment celle de ne pouvoir passer la frontière en raison de son statut d'athée et de libéral. Il cherchera donc la compagnie de son ami Alexandre Tourgueniev, mais sa peur des autorités et du climat l’empêcheront de s’éloigner de Paris.

Avec l'Andalousie toujours en tête, son aventure espagnole commence dans la localité basque d'Irún. Il passera à Burgos, Aranda del Duero et Madrid, où il étudiera de près la peinture espagnole qu’il admirait tant. Il poursuit son voyage, de plus en plus désireux d'entrer en territoire andalou. Il fait halte à Cordoue où, émerveillé par la beauté de la femme andalouse, il laissera libre cours à sa plume. Le prochain arrêt sera Séville, ville qui détenait le monopole de la fabrication du tabac. Peu à peu naît dans l'esprit de l'artiste l'un des mythes les plus populaires, celui de Carmen, la sensuelle cigarière sévillane. Une histoire d'amour, de jalousie et de trahison qu'une aristocrate andalouse lui a racontée, et qu'il captura dans un roman splendide. Le roman inspira par la suite le livret de l'opéra de Georges Bizet, l'opéra français le plus représenté. Bien que conquis par la beauté de la ville sévillane, il doit continuer son chemin.

Il se rend à Grenade, traversant la Sierra de Ronda, une route qui le captivera par son romantisme débordant, car il parcourt de belles montagnes qui furent le refuge des plus célèbres bandits andalous, "les bandoleros". Mais l'esprit romantique de l'écrivain est par-dessus tout très impressionné par la solitude de ces parages montagneux. Admirateur du passé arabe de l'Andalousie, il lui tarde d’arriver à Grenade, où il succombera à la beauté et au luxe des résidences du palais nasride de l'Alhambra. Sa fascination pour l'architecture arabe l'amène à s'indigner de la destruction des mosquées et des efforts obstinés pour masquer avec de la chaux et du plâtre les restes de l'époque passée.

Mérimée, contrairement à d'autres voyageurs romantiques, ne s’en tiendra pas au pittoresque. Particulièrement attiré par les classes populaires, il éprouve une prédilection particulière pour l’ambiance des lieux pleins de gitans, de guitaristes et de “majas”, les belles femmes de Grenade. Il défendra leur intelligence naturelle et leur imagination face à la maladresse et l’éducation limitée des classes supérieures. Il se déclarera défenseur de la fête nationale des Taureaux, festival qui sera le motif principal de sa première lettre au directeur de La Revue de Paris. Par-dessus tout, il sera conquis par la beauté de la femme andalouse, avec sa peau sombre, ses yeux délicats et sa chevelure exubérante. L'Espagne, patrie de Cervantès qu’il admirait, lui offrit de grandes amours et amitiés, et il lui offrit en retour un des mythes les plus reconnus dans le monde entier, Carmen la Cigarrera, la femme fatale de Séville. L'esprit inquiet, l'écrivain, archéologue, historien et peintre trouva ici ce qu'il désirait tant, un lieu exotique et mystique où il se laisser porter.